Élèves migrants : les enjeux vers la réussite

Le flux migratoire vers la Belgique accroit exponentiellement ces dernières années. A Schaerbeek, 37,4% de la population est d’origine étrangère. En conséquence, une hétérogénéité des profils dans les salles de classe se crée. D’après les études menées par l’OECD, entre les élèves migrants et ceux d’origine belge, il y a un écart important dans la qualité du rendement à l’école. Existe-t-il une corrélation entre l’acquisition des compétences de base et le parcours des étudiants issus de l’immigration ?

L’ensemble d’éléments liées à leur réussite

Selon le rapport rédigé par l’OECD sur la résilience des élèves issus de l’immigration en Belgique, en dépit de faire preuve de plus de motivation, leur probabilité d’atteindre le seuil de compétence scolaire est deux fois moins élevée que celle des élèves d’origine belge. Néanmoins, la réussite de ces écoliers ne dépend pas seulement du niveau acquis, mais se repose aussi sur un sentiment d’appartenance à l’école et principalement sur la manière dont ces élèves sont accueillis par les autres.

Les épreuves d’adaptation

Si le pays d’accueil est mis à l’épreuve par l’arrivée des immigrants, ces derniers sont aussi confrontés à des nombreuses adversités. Dans une certaine mesure, ces obstacles peuvent avoir un impact négatif sur le rendement scolaire des enfants migrants. Un des facteurs d’influence sur la résilience de ces jeunes est le manque de maîtrise de la langue qui nuit à leur interaction avec l’environnement scolaire et empêche la création de liens avec les autres, en plus d’obliger les nouveaux arrivants à débuter dans l’enseignement scolaire avec un retard considérable. Le statut socio-économique en est un autre facteur à prendre en compte. Beaucoup de familles issues de l’immigration sont défavorisées et ces éléments vont déteindre sur la réussite scolaire. Cependant, ces élèves plus défavorisés peuvent surmonter ces obstacles et atteindre la réussite scolaire grâce à un soutien externe basé sur leur bien-être.

L’environnement pédagogique

Les relations interethniques présentent souvent des aspects conflictuels. Les élèves issus de l’immigration sont plus susceptibles d’être harcelés au sein de l’école. Ce facteur peut créer une certaine vulnérabilité chez ces écoliers immigrants et en conséquence, nuire à leur bien-être. Selon une analyse du CPCP (Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation), ces événements peuvent entraîner une perte de motivation et une baisse de l’estime de soi.

D’après ces analyses, beaucoup de ces élèves affirment avoir un sentiment d’injustice de la part des enseignants, ce qui augmente les risques de décrochage scolaire à long terme.  À Bruxelles, le taux de décrochage scolaire est de 9,1 %, il s’agit des jeunes entre 18 et 24 ans n’ayant pas obtenu leur diplôme d’enseignement secondaire. En comparant ces chiffres avec les années précédentes, ceux-ci augmentent graduellement. De plus, ce sentiment d’être traité différemment peut amener les élèves migrants à se comporter en fonction des jugements dont ils font l’objet.

Une étude menée par le psychologue Rosenthal sur l’effet Pygmalion dans une école explique en partie comment la stigmatisation des élèves issus de l’immigration peut avoir un impact considérable et comment, de manière inconsciente, ces élèves connaissent un ralentissement dans leur apprentissage. Cependant, non seulement les enseignants, mais tout l’ensemble du personnel à l’école est responsable du bien-être et du développement des écoliers issus de l’immigration. Cela oblige la mise en place de politiques adéquates pour garantir la réussite de ces élèves. 

Les écoles qui ont adopté une politique inclusive et multiculturelle parviennent à diminuer le taux de décrochage et l’écart entre les élèves issus de l’immigration et les autres. À Schaerbeek, il y a des nombreuses écoles de devoirs et de médiation scolaires qui peuvent être une alternative pour ces jeunes écoliers en fournissant un soutien et un accompagnement dans leur parcours scolaire.

À écouter: « Itinéraire des jeunes oubliés »

Ce podcast des ambassadeurs d’expression citoyenne raconte le vécu et les expériences des élèves issus de l’immigration à l’école. Le narrateur parvient d’une façon pertinente à sensibiliser les téléspectateurs et à transmettre la réalité du point de vue d’un écolier immigrant.

« L’école est inconsciente, inconsciente des dégâts dont elle est responsable. Sans s’en rendre compte elle crée des interdits pour ses victimes. Pire que ça, elle pousse celui qui subit ses manquements à l’auto-exclusion (…) »

Ali Niaz

L’école doit être un endroit d’accueil, de développement personnel où les élèves ne devraient pas se sentir limités ou mis à l’écart. L’accès à l’école et à l’enseignement supérieur est un droit de tous. Les difficultés d’apprentissage ne doivent pas être un frein dans le parcours des élèves. Soutenir les jeunes migrants d’aujourd’hui et les motiver à continuer leur ouvrira des portes à un avenir brillant.

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