Une nouvelle espèce d’abeille observée au parc Josaphat

Il y a de nombreux pollinisateurs à Bruxelles: guêpes, bourdons, abeilles, syrphes… Mais sont-ils dangereux ? À quoi servent-ils? Pourquoi sont-ils là ? Ce sont toutes des questions qu’on ne se pose pas forcément, cependant elles ont leur importance. On peut apercevoir en ville des abeilles solitaires, mais saviez-vous que ces petits insectes sont très présents dans certains coins de Schaerbeek  ? Et pour cause, il existe aujourd’hui de multiples endroits aménagés dans la ville, des spécialistes ont découvert qu’il y avait parmi ces abeilles solitaires bon nombre d’espèces rares.

Des abeilles oui, mais pourquoi en ville plutôt qu’à la campagne ?

À l’arrivée du printemps, les abeilles commencent à se manifester. Cependant, même si parfois elles font peur il faut à tout prix les préserver. On parle souvent de l’abeille domestique, mais pas assez des abeilles solitaires et pourtant elles sont tout aussi importantes. Les abeilles solitaires jouent un rôle essentiel pour préserver la biodiversité. Que ce soit l’abeille domestique ou les abeilles solitaires, elles sont toutes deux des pollinisateurs, mais pas forcément pour les mêmes plantes. Contrairement à l’abeille domestique, il existe énormément d’espèces différentes d’abeilles solitaires. Chaque espèce a ses particularités. Par exemple les fleurs qu’elle pollinise ou encore l’endroit où elle niche : les abeilles terricoles, qui nichent dans le sol ; cavicoles, dans des tiges creuses ou encore hélicoles dans les coquilles d’escargots, qui sont plus rares.

Malheureusement, ces petits pollinisateurs sont menacés par l’utilisation des pesticides dans les campagnes, c’est pourquoi les villes semblent être une bonne solution pour les héberger. Les villes ont quelques points forts pour les abeilles, l’absence de pesticide nocif pour elles, les séparations avec les abeilles domestiques, et même la présence d’ilots de chaleur peut être considérée comme un atout !  Les ilots de chaleur situés en ville sont aussi favorables à ces petits insectes, cela prolonge les conditions propices à leur reproduction et une floraison plus longue.

Les abeilles sauvages ne savent pas cohabiter avec l’abeille domestique. À la campagne, il faut faire attention à bien espacer les ruches des endroits où vivent les abeilles solitaires, en ville cette distance est considérablement réduite grâce au bâtiment qui les sépare. Il a donc fallu aménager des espaces pour ces abeilles déjà présentes c’est pourquoi on a vu apparaitre des initiatives comme « Schaerbees ».

Image par Sophia Nel de Pixabay

Il y a quelques années au mois de mai, je pense, il faisait relativement chaud, et ce sont des conditions qui sont optimales pour l’activité des abeilles sauvages. Il y avait ici à l’hôtel communal […] des abeilles sauvages qui étaient très actives sur tout le pourtour de l’hôtel communal. Nous avons voulu attirer l’attention des Schaerbeekoises et des Schaerbeekois sur le fait que ces abeilles étaient inoffensives et qu’il fallait surtout ne pas chercher à s’en débarrasser.

La commune a alors sollicité et obtenu un subside de Bruxelles-Environnement pour aménager un corridor écologique entre la place Colignon et le parc Josaphat, ce corridor favorisant – par de petits aménagements verts – la circulation, l’alimentation et le gîte des abeilles sauvages.

Benoit Blondel membre de l’eco conseille de Schaerbeek

Schaerbees

Schaerbees est un projet lancé par la commune de Schaerbeek pour créer un corridor qui relie deux gros points de résurgence des abeilles solitaires. Un couloir écologique qui relie donc la place communale de Schaerbeek au parc Josaphat. Benoit Blondel, membre de l’éco-conseil de Schaerbeek, explique qu’un post sur la page Facebook de la commune a suscité énormément d’intérêt et de réactions très positives. Ils se sont dit que cela valait peut-être la peine d’en faire un projet à part entière, visant à préserver les abeilles sauvages en ville.

Pour mener à bien ce projet, ils ont commencé par arpenter les rues. Faire du repérage, à la découverte de ce qui existait déjà et de ce qui pouvait être mis en place pour créer cette continuité, ce corridor. Une fois les lieux explorés, ils ont cherché à s’adapter et utiliser tout ce qui pouvait l’être. Le but, loger et nourrir ces pollinisateurs tout au long du parcours.

Si les abeilles partent de la maison communale, elles y trouveront principalement des tapis de trèfle mellifère qui ont été cultivés préalablement sous serre. Elles peuvent se promener tranquillement sur la place Colignon. En continuant leur voyage, ces pollinisateurs se retrouvent dans la rue Verwée où ils pourront se loger dans des plantes grimpantes comme des hortensias. L’arrière d’un funérarium donne sur cette rue, il y a là un grand mur aveugle. La commune a donc contacté le funérarium pour y planter des plantes grimpantes. Et après avoir voleté à travers la rue Verwée, les abeilles arrivent sur la place Pogge.

À l’origine, les pollinisateurs pouvaient y trouver du lierre rampant et une haie de berbéris. Afin de rendre ce lieu encore plus accueillant pour ces petits insectes, Schaerbees a choisi de mettre des dispositifs pour faire grimper le lierre. Ce dernier est plus intéressant pour les abeilles car il fleurit. Pour les mêmes raisons, ils ont décidé de changer la manière dont ils taillaient la haie de berbéris. Quand les insectes continuent leur expédition, ils arrivent dans la rue Vogler. Dans cette rue, les abeilles pourront trouver des plantes chez des particuliers. Pour la fin de leur traversée, elles retrouveront principalement du trèfle sur la place de Houffalize et dans la rue de Jérusalem jusqu’au parc Josaphat. « On a fait analyser les abeilles sauvages par des experts qui ont pu établir que parmi ces abeilles, il y avait des espèces relativement rares. » Souligne Benoit Blondel.

« Outre l’aide effectivement apportée aux abeilles sauvages, ce projet revêt une dimension pédagogique, en sensibilisant la population à l’importance de la biodiversité »

Benoit Blondel

La friche Josaphat

Ces derniers temps, la friche Josaphat a beaucoup fait parler d’elle. Un plan d’aménagement directeur (PDA) a décidé de bâtir 509 logements sur la friche. Une situation inconcevable pour les naturalistes (mais apparemment indispensable pour agrandir le parc immobilier en cette période de crise du logement). En effet, il demeure sur la friche près de 1.200 espèces de pollinisateurs, dont 10% d’abeilles, certaines très rares. En réaction, un groupe d’habitants, appelé : « Sauvons la friche Josaphat », s’est naturellement créé. Beaucoup de gens se sont opposés au projet, ont créé des plants alternatifs pour minimiser le désastre écologique. Un communiqué du 4 mai 2023 explique que le Plan d’Aménagement aura bien lieu. Cependant ce sera un projet durable avec des espaces verts. Quelles conséquences pour la biodiversité de la friche et ses petits habitants ? 

Le 3 juillet 2020, il y a notamment eu la découverte de l’anthidie sept-épines, sur la friche Josaphat, par Bernard Pasau, Naturaliste bénévole de l’association Natagora. C’était la première fois que l’abeille a été observée en Belgique. Elle fait partie de la famille des Megachilidae. Mais que deviendra-t-elle après ce Plan d’Aménagement de la friche Josaphat  ?

Marie Evrard 21 ans, curieuse, éloquente, dynamique, ouverte… étudie, à Bruxelles, la communication à l’ISFSC.

Découvrir et transmettre sont deux choses qui me tiennent à coeur. C’est pourquoi la communication est le domaine dans lequel je voudrais évoluer. Les nouveaux médias prennent beaucoup de place dans notre vie, il est pour moi important d’apprendre à travailler avec eux.