Au secours, je suis étudiant.e et je ne m’en sors plus !

Depuis plusieurs années, le nombre d’étudiants en situation de précarité augmente. À Schaerbeek, nombreux sont ceux qui font face à des difficultés financières qui peuvent compromettre leur réussite académique.

Une réalité préoccupante marquée par des loyers élevés, une alimentation coûteuse et des frais de scolarité qui pèsent sur les étudiants de la commune et de ses environs. Face à ce défi, des initiatives solidaires et des aides financières soutiennent les étudiants. Cependant, sont-ils suffisamment informés de ces ressources qui pourraient les aider à surmonter cette précarité croissante ?

Qu’est-ce qu’un étudiant précaire ?

Un étudiant précaire est un étudiant qui rencontre des difficultés financières et/ou sociales qui peuvent mettre en péril sa réussite académique. Cela peut inclure des difficultés pour payer les frais de scolarité, le logement, la nourriture, les transports, ou encore des problèmes de santé physique ou mentale, des situations familiales compliquées, etc. Les étudiants précaires sont souvent issus de milieux défavorisés et peuvent être confrontés à des barrières importantes pour accéder à une éducation de qualité. D’après la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’Enseignement.be, les étudiants ne sont en effet pas toujours au courant de leurs droits et du soutien qu’ils peuvent trouver auprès des différentes institutions. Il s’agit là d’un problème général, malgré le nombre d’organismes qui communiquent ces informations (Infor Jeunes, SIEP, CPAS, etc.). Ils ont ainsi lancé une campagne Aides-etudes.be.

Des aides financières pour alléger le fardeau des étudiants schaerbeekois

Il existe plusieurs aides pour ces jeunes, notamment de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles, du CPAS, des services financiers des écoles et d’autres organismes.

L’étudiant.e inscrit.e dans l’enseignement supérieur de plein exercice (Universités, Hautes Écoles, Écoles supérieures des arts) peut bénéficier d’une allocation d’études, également connue sous le nom de « bourse d’études ». Cette aide financière est octroyée chaque année par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) et est disponible pour les étudiants qui répondent aux conditions requises des deux régions. Le Service des allocations d’études peut ainsi prendre en charge le paiement du minerval de l’étudiant.

Selon Ariana Gjuraj du SAES, les étudiants bénéficiant de ces réductions ont accès à des avantages tels que des supports de cours et des syllabus gratuits, ainsi que des livres à -50%. Ils peuvent également bénéficier d’aides thématiques numériques et obtenir une subvention maximale de 450 euros pour l’achat de matériel informatique. De plus, ils peuvent bénéficier de l’aide « Changeons les règles » pour l’achat de protections hygiéniques durables et écologiques.

Il y a aussi le CPAS de Schaerbeek, qui offre son aide aux personnes en difficulté financière sur le territoire de la commune. L’objectif est de leur permettre de vivre dans des conditions décentes et conformes à la dignité humaine. L’aide fournie peut être ponctuelle ou régulière et se présente sous différentes formes, telles que des aides matérielles (colis alimentaires, hébergement d’urgence, chèques sport, etc.), des aides financières (aide sociale, revenu d’intégration sociale) ou des aides médicales (prise en charge des frais médicaux, etc.).

Les étudiants ont été durement touchés par la précarité pendant la période de la COVID-19, en raison de la perte de nombreux jobs étudiants et de l’augmentation du chômage. Maintenant que la pandémie est en voie de diminution, les étudiants sont confrontés à un autre défi, celui de l’inflation des prix, qui a un impact significatif sur leur situation financière. Entre 2018 et septembre 2022, le nombre d’étudiants bénéficiant d’un revenu d’intégration sociale a progressé de 20 %, passant, en chiffre absolu, de 21.254 à 25.500 étudiants

L’épicerie solidaire

L’asbl ASEB (Association pour la Solidarité Etudiante de Belgique), un circuit d’épiceries sociales solidaires, a pour objectif de fournir une aide alimentaire aux étudiants en situation de précarité sociale afin de soulager leurs dépenses liées à la consommation et de leur permettre de se concentrer sur leurs études. D’après Ariana Gjuraj du SAES:

Les étudiants qui bénéficient d’une réduction sur les droits d’inscription ne paient pas leur panier alimentaire, tandis que les autres étudiants paient 4 euros.

La Fédération Belge des Banques Alimentaires observe d’ailleurs une hausse de 18,2 % de la demande d’aide alimentaire en 2022. La haute école Galilée et LUCA School of Arts disposent d’une cafétéria, à un prix abordable.

La flambée des prix des kots

Bruxelles voit ses prix immobiliers augmenter. Il en va de même à Schaerbeek. Selon la FEF, le marché de la location actuel, non régulé, entraîne des prix élevés, avec une moyenne de 500 euros pour un kot à Bruxelles.

Certaines universités et hautes écoles s’allient avec des partenaires du secteur immobilier dans le but de fournir des options de logement pratique et abordable aux étudiants. Ainsi, à la Haute École ISFSC, il y a 14 kots uniquement pour les étudiantes. C’est l’Action Sociale Féminine Chrétienne qui se charge de leur gestion. En partenariat avec Quares Student Housing, l’Université Saint-Louis gère deux résidences universitaires qui proposent des réductions de loyer aux étudiants. Selon Ariana Gjuraj du SAES, à partir de cette année,  la réduction s’applique désormais aux kots externes, c’est-à-dire aux kots qui ne sont pas en collaboration directe avec l’université.

Les dérives pour se maintenir à flot

Le travail au noir est de plus en plus répandu parmi les étudiants, mais il demeure une pratique illégale dans laquelle un employeur engage un travailleur sans le déclarer aux autorités fiscales et sociales. Pour les étudiants en situation de précarité, le travail au noir peut sembler être une option attrayante pour gagner de l’argent rapidement, mais cela peut entraîner des conséquences graves, telles qu’une amende pénale de 80 à 800 €, un remboursement des cotisations sociales non prélevées, l’absence de protection en cas d’accident du travail, et d’autres problèmes.

Les étudiants en situation de précarité sont également prioritaires pour les jobs réguliers… Les jobs réguliers sont ceux qui se font chaque semaine. Ariana Gjuraj SAES

D’autres étudiants se tournent vers la prostitution étudiante. Une réalité complexe qui a été amplifiée par la crise et la perte des jobs étudiants, demeure une réalité complexe. Depuis quelques  années, des rencontres entre jeunes étudiants et des partenaires plus âgés, impliquant une transaction financière, se sont développées en ligne. Cette pratique est connue sous le nom de « Sugar Dating ».

L’asbl RenovaS, dans le cadre du Contrat de Rénovation Urbaine, a pour objectif de créer un pôle étudiant et de quartier sur la place de la Reine, à Schaerbeek. Ce périmètre regroupe quatre établissements d’enseignement supérieur, à savoir les hautes écoles Galilée, ISFSC, la KULeuven et LUCA School of Arts. Un espace multifonctionnel qui dispose  d’un forum, d’une restauration, d’une salle événementielle et des logements pour les étudiants sous forme de kots à projet. Une révolution pour les étudiants et les habitants du quartier Brabant-Nord…