Le décrochage scolaire en Belgique : une situation préoccupante
Le nombre d’élèves quittant très tôt les bancs de l’école continue d’augmenter. Malgré les multiples propositions d’aide ainsi que les efforts qu’ont fournis les responsables et les professionnels de l’éducation pendant et après la crise sanitaire. Pourquoi les élèves décrochent-ils ? Quelles sont les solutions ?
Les chiffres sont alarmants : plus de 23 000 élèves ont été absents pendant plus de 9 demi-jours, sans justification, depuis le début de l’année scolaire. Cette donnée représente une augmentation de près de deux fois par rapport à la période précédant la pandémie. Cela augmente considérablement le risque d’abandon scolaire.
Les chiffres de décrochage scolaire viennent d’être dévoilés par la ministre de l’Education, Caroline Désir. En effet, le taux de décrochage scolaire en Belgique a augmenté ces dernières années, entre la rentrée d’août 2022 et le 15 décembre de la même année, 23 061 élèves de la maternelle à l’enseignement secondaire étaient signalés en situation d’absentéisme scolaire. Ces chiffres sont inquiétants, car ils témoignent d’une augmentation significative par rapport à l’année précédente. Le décrochage scolaire a augmenté de 32,5 % par rapport à décembre 2021 et de 90,5 % par rapport à 2019. Ces statistiques soulignent l’urgence de la situation et la nécessité d’agir pour lutter contre le décrochage scolaire en Belgique.
Des courbes alarmantes
Une chute libre à multiples facteurs
Les raisons de ce phénomène peuvent être nombreuses, diverses et variées. Pour lutter contre ce fléau, il est important d’en identifier les principales causes.
Parmi les principales raisons du décrochage scolaire, on trouve le manque de motivation. Certains élèves perdent progressivement leur envie d’apprendre. L’absence d’intérêt pour les cours, le manque de soutien de la part des enseignants, le manque de confiance en soi ou encore les problèmes personnels sont des facteurs qui découragent les élèves.
Les difficultés scolaires constituent également un facteur important dans le décrochage scolaire. Les élèves qui ont des difficultés dans certaines matières peuvent se sentir frustrés et abandonner l’école. Ces difficultés peuvent être liées à un manque de préparation préalable, à un manque de compréhension du contenu enseigné ou à des troubles d’apprentissage non diagnostiqués.
Le directeur de l’école « Centre scolaire Sainte-Marie la Sagesse », Monsieur David, déclare : « Notre école se trouve au cœur de la chaussée d’Haecht, et nous avons une majorité d’élèves turcs qui ont des difficultés avec la langue française. Leurs parents ne parlent pas français et viennent de grandes familles qui habitent dans de petits logements. Les élèves n’ont pas de place ou de bureau pour travailler et certains doivent même faire le ménage. »
Les problèmes familiaux peuvent également entraîner le décrochage scolaire. La séparation des parents, le divorce, les problèmes financiers ou les conflits entre les membres de la famille peuvent affecter la vie des élèves et les amener à abandonner l’école.
Selon monsieur David, la phobie scolaire est une réalité toujours d’actualité chez de nombreux élèves, en raison de la crise sanitaire. Elle peut se manifester de différentes manières, comme l’anxiété, la dépression, la peur d’aller à l’école, ou encore la perte de motivation.
Enfin, il tient à rappeler une chose essentielle : » L’école est un lieu de socialisation important pour les enfants, et la crise sanitaire a rendu cette dimension encore plus cruciale, j’en appelle à une prise de conscience de la part de tous les acteurs de l’éducation pour aider les élèves à retrouver confiance en eux et à retrouver le plaisir d’apprendre. »
Quitter les bancs de l’école, c’est prendre le risque de décrocher du monde
Les conséquences du décrochage scolaire sont multiples et affectent tant l’élève que la société.
Les élèves qui quittent prématurément l’école ont souvent du mal à trouver un emploi stable et bien rémunéré. Au lieu de cela, ils se retrouvent dans des emplois précaires et peu qualifiés qui ne leur offrent pas de perspectives d’avenir.
Outre les problèmes professionnels, les élèves qui décrochent de l’école ont également tendance à avoir des problèmes de santé plus fréquents, en particulier des problèmes de santé mentale. L’anxiété, la dépression et d’autres troubles psychologiques sont courants chez les jeunes qui ont quitté l’école prématurément. Ces problèmes de santé peuvent avoir des répercussions négatives sur leur vie quotidienne et leur capacité à fonctionner efficacement dans la société.
Le décrochage scolaire a également un impact sur la société dans son ensemble. Les élèves qui quittent l’école prématurément ont tendance à être plus vulnérables à la pauvreté, à la délinquance et à l’exclusion sociale. Sans éducation adéquate, ils ont du mal à trouver des emplois décents et à subvenir à leurs besoins de base, ce qui peut les amener à vivre dans la pauvreté. Par ailleurs, leur exclusion sociale peut les pousser à commettre des actes délictueux pour survivre, ce qui peut avoir des conséquences néfastes pour l’ensemble de la société.
Des initiatives qui redonnent l’envie d’apprendre
De nombreux acteurs sont conscients de cette problématique et se mobilisent pour tenter de la résoudre.
Le directeur du Centre scolaire Sainte-Marie la Sagesse souligne l’importance de la réflexion quant au choix de filière pour les élèves. Selon lui, il est primordial que les élèves se sentent épanouis dans leur parcours scolaire pour réussir. Il a également encouragé les élèves à participer à des salons d’orientation, des associations et des journées portes ouvertes pour trouver des sources de plaisir dans leur parcours.
L’orientation scolaire est une étape cruciale dans le parcours d’un élève. Il est primordial que chaque élève soit orienté vers la filière qui lui convient le mieux afin de maximiser ses chances de réussite. C’est pourquoi de nombreuses initiatives ont été mises en place pour améliorer l’orientation scolaire en Belgique. L’une de ces initiatives est le Projet d’Accompagnement Global et Individuel (PAGI). Ce projet a pour objectif d’accompagner les élèves dans leur orientation scolaire et professionnelle en leur proposant des activités et des rencontres avec des professionnels. Les élèves sont ainsi mieux informés sur les différentes filières qui s’offrent à eux et peuvent faire un choix éclairé.
Le sport est une activité qui peut aider à lutter contre le décrochage scolaire. Cela permet aux élèves de se dépenser physiquement, ce qui peut avoir un effet bénéfique sur leur bien-être et leur motivation. C’est pourquoi des initiatives ont été mises en place pour encourager la pratique du sport chez les élèves. Le projet « Défi » de Michael Vossaert est l’un de ces projets. Selon Michael Vossaert, « le sport peut aider à créer une dynamique positive chez les jeunes, qui se traduit par un meilleur investissement dans les études ».
Les solutions qui peuvent tout changer
Face à la multiplication du phénomène de décrochage scolaire en Belgique, plusieurs initiatives ont été mises en place pour tenter de le prévenir.
L’une des solutions consiste à adopter des démarches éducatives et sociales visant à améliorer les conditions d’apprentissage et à réduire les inégalités sociales. En effet, les élèves issus de milieux défavorisés sont plus susceptibles de décrocher de l’école que les autres. Il est donc essentiel de mettre en place des programmes sociaux et éducatifs pour aider ces élèves à réussir leur scolarité.
En Belgique, plusieurs politiques ont été mises en place pour améliorer la qualité de l’éducation et lutter contre les inégalités sociales. Par exemple, le gouvernement belge a adopté en 2018 une réforme du décret de l’enseignement fondamental, visant à améliorer la qualité de l’enseignement dans les écoles primaires et à réduire les écarts entre les écoles. Cette réforme prévoit notamment la mise en place d’un système d’évaluation externe pour les élèves de sixième année du primaire.
Par ailleurs, le gouvernement belge a également mis en place plusieurs stratégies sociales visant à lutter contre les inégalités. Par exemple, la mise en place d’une allocation de rentrée scolaire destinée aux familles à faibles revenus, permettant d’acheter les fournitures scolaires nécessaires, ou encore la mise en place d’un système de bourses d’études pour les étudiants issus de milieux défavorisés.
Un défi majeur pour l’avenir de la jeunesse et de la société
Le décrochage scolaire est un phénomène complexe qui a de nombreuses causes et effets. « Je suis très inquiet pour les années à venir, le pire est à venir en termes de taux de décrochage scolaire », déclare le directeur du Centre scolaire Sainte-Marie la Sagesse. « Malheureusement, les jeunes sont de moins en moins curieux et leur rythme de vie est complètement décalé par rapport au rythme scolaire. Les réseaux sociaux ont cassé le quotidien de nombreux jeunes et les distraient de l’école », a-t-il ajouté. « De plus en plus de jeunes s’intéressent à des sujets relationnels, sentimentaux et autres, même dans les écoles primaires », a-t-il conclu avec préoccupation.
En conclusion, le décrochage scolaire en Belgique est un défi majeur pour l’avenir de la jeunesse et de la société dans son ensemble. Stéphanie Cortisse, députée libérale mentionne que le Pacte d’excellence prévoit d’ici 2030, une diminution de décrochage scolaire de 50%. Il faudra donc mettre en place une stratégie coordonnée et efficace, impliquant l’ensemble des acteurs de l’éducation.
Yousra Baoui
Je suis une étudiante passionnée de communication.
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été attirée par le monde de l’informatique, du digital et du design.
Mon aspiration ultime est de travailler dans le domaine de la communication d’entreprise. Je souhaite également me spécialiser dans la communication digitale. Mon objectif est de contribuer au succès des entreprises. Comment ? En développant des stratégies de communication innovantes. J’aimerais les aider à communiquer de manière efficace dans le monde numérique.