UN AMOUR FLEURISSANT


Cela fait trois jours que la nouvelle est tombée et j’en suis encore détruit : mon cher et tendre centre culturel du Botanique doit être réquisitionné par l’Etat ! Pourquoi me direz-vous ? C’est très simple, la « raison valable » évoquée par le Premier Ministre est que de nombreux réfugiés ukrainiens ont besoin d’être logés et que malheureusement il n’y a plus aucune place dans les différents centres de Schaerbeek ! Quoi de mieux alors que de réquisitionner un lieu si sublime pour en faire un refuge !

Cela me révolte d’autant plus que, quand ma mère et moi avions dû quitter la Moldavie parce qu’elle avait été mutée pour son travail, nous n’avions pas eu le droit au même traitement de faveur. Nous nous étions débrouillés seuls et ma mère avait remué ciel et terre pour qu’on puisse être acceptés comme des « habitants légaux » de ce pays… Qu’elle repose désormais en paix car, malheureusement, son corps fragile n’a pas supporté ces grosses journées et nuits de travail, pris par des hommes plus crasseux les uns que les autres. Par ailleurs, moi non plus je n’ai pas connu une vie toute rose et belle. Vivre sans avoir le mot « Belge » écrit sur sa carte d’identité c’est une difficulté quand on recherche de l’emploi. Partout où j’ai pu me rendre pour trouver du travail (que ce soit dans des grandes ou petites entreprises), on me répétait sans cesse la même et unique chose : « Vous n’avez pas suffisamment d’expérience dans le milieu professionnel ». Mais je voyais bien leurs regards à chaque fois que je commençais à parler ; en fait, ces recruteurs cupides se disaient qu’avoir un étranger comme moi ne serait qu’un frein à leurs bénéfices. Ils devaient tous trouver que même un enfant de cinq ans se débrouillerait mieux que moi pour parler. Mais heureusement pour moi, le monde n’est pas entièrement noir et c’est en ces lieux que j’ai pu trouver ma place et gravir petit à petit, à la sueur de mon front, les différents échelons et ainsi devenir directeur événementiel du Botanique. Je ne cesserai de remercier Catherine, la directrice du Botanique, cette femme qui, dès le premier abord, dégageait une telle bienveillance ! Elle était d’un certain âge il est vrai, mais ce n’était pas cela qui la limitait dans sa joie de vivre et son dynamisme. Elle a été comme une grand-mère pour moi, ce qui était très étrange car je n’ai jamais connu la mère de ma mère et pourtant je n’y ai vu aucune différence. Elle m’a guidé durant ces dernières années en m’aidant à perfectionner mon français dans un premier temps et, ensuite, en m’apprenant toutes les tâches administratives à réaliser en tant que directeur événementiel. Il ne se passe pas désormais un seul jour sans que je lui rende visite, sur sa tombe… Elle est décédée depuis trois mois et quand on m’a appris la nouvelle, je ne pourrai jamais oublier à quel point cela m’a fait mal ; c’était comme si une moitié de moi venait de me quitter… 

Cependant une chose est sûre, je ne suis pas le seul chez qui la mort de Catherine a suscité quelque chose. Le gouvernement a trouvé cela très intéressant aussi car, comme par hasard, depuis ce jour triste, les employés administratifs ne cessent de recevoir du courrier adressé aux gérants et associés du Botanique. Ces vautours de ministres n’ont pas attendu une seule seconde et ont commencé à picorer tout le travail que Catherine avait fait de son vivant et tout ça pour quoi ? DES RÉFUGIÉS ?! Ces étrangers, juste parce qu’un soi-disant dictateur a décidé d’envahir leur pays, se voient tout offrir sur un plateau d’argent : logement, alimentation, tout ! Ils ne manquent de rien et dès qu’ils ont un problème, une solution leur est proposée dans les heures qui suivent… Et maintenant ils veulent aussi s’en prendre au Botanique ! C’est inadmissible ! Ce lieu est un endroit symbolique et d’autant plus pour tous les employés qui y travaillent. C’est comme si nous formions une seule et grande famille ! J’ai promis à Catherine de toujours prendre soin de ce lieu, même après sa mort, alors je ne laisserai pas ces voleurs agir juste car ils ont du pouvoir ! Ils ont déjà commencé tout un tas de démarches et ils ont fait venir plusieurs architectes et je ne sais quels autres intervenants qui luttent contre les événements de la guerre en Ukraine. Le pire, c’est que nous ne pouvons même pas leur interdire l’accès puisque nous proposons des espaces libres au public et donc, ces petits malins viennent tisser leurs plans tels de véritables agents infiltrés ! 

De plus, des échos que j’ai pu avoir de certains membres de l’équipe qui ont des contacts haut placés, ils ont déjà tout un plan de réaménagement pour pouvoir loger ces réfugiés mais aussi leur proposer des activités variées afin qu’ils puissent « se vider la tête et cesser de penser à leurs proches qui sont restés au front ». Dans un premier temps, les longs couloirs de verre ornés de plantes venant des quatre coins de la Terre, qui sont ouverts habituellement au public, seraient transformés en cantine ! Vous vous rendez compte ? Ils veulent déraciner tous les cactus et plantes tropicales donnant une chaleur et une odeur boisée si particulière aux couloirs pour en faire un espace où ces étrangers pourront faire la file pour se servir un léger plateau comme si on était en prison !  Le contraste est somme toute assez grand ! Ce qui m’horripile le plus c’est qu’ils n’ont même pas idée de la symbolique des différentes espèces végétales présentes ! Réaliser cette transformation serait comme jeter deux siècles d’histoire à la poubelle ! Cela a pris énormément de temps pour les récolter et créer tout un écosystème harmonieux ! Après tout, ce n’est pas pour rien si ce lieu se nomme le Botanique ! De plus, il n’y a pas que les couloirs qu’ils comptent changer. Ils ont prévu aussi de s’en prendre au jardin ! Et parlons-en de ce jardin ! Quand je m’y promène seul tous les soirs, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse extrêmement chaud, je ne peux me retenir de discuter avec chaque statue présente ! Après tout, je n’ai jamais vraiment eu d’amis car la seule avec qui je pouvais passer mes nuits, c’était Catherine. Alors, je discute durant des heures avec Marie, Elisabeth, Jeanne, etc. Elles ont toutes leur petit nom et en plus d’être totalement resplendissantes, elles sont aussi très à l’écoute… Mais je m’égare, revenons-en à notre sujet le plus important à mes yeux, ce sublime jardin public du Botanique ! Ce magnifique jardin où on peut voir passer des centaines de personnes chaque jour, de tous les genres et exerçant toutes les occupations possibles. Lire, se poser et profiter de la chaleur des rayons de soleil et du bruit du vent dans les branches des arbres, peindre le décor ou bien plus encore. Cet espace où les jardiniers se donnent au quotidien pour le maintenir le plus vert et entretenu possible. Cet espace où différentes espèces d’oiseaux se retrouvent pour y chanter harmonieusement durant la saison des amours. Cet espace qui… sera désormais fermé pour que seuls les réfugiés puissent s’y rendre afin de pouvoir prendre l’air. Mais pensez-vous qu’ils vont faire attention à toute la verdure présente ? Bien sûr que non ! Ils vont tout piétiner et saccager et ensuite, lorsqu’il ne restera plus rien de cette sublime verdure, je suis prêt à parier qu’ils mettront des terrains de basketball ou bien encore de mini-foot afin de veiller à « l’émancipation sportive » de chacun. De beaux baratins tout cela !

Bref ! Continuons dans leur magnifique projet de rénovation, car si vous avez bien suivi, il reste encore un lieu indispensable pour accueillir les réfugiés dans de bonnes conditions ; le dortoir ! Et autant vous dire que c’est selon moi la goutte qui a fait déborder le vase ! Ils veulent mettre en place le dortoir dans la salle de théâtre et dans le hall d’exposition !! Ils trouvent que la salle de théâtre est suffisamment sombre, ce qui leur permettrait de dormir tranquillement sans se soucier de la lumière du soleil qui pourrait les déranger lors des matins d’été. Concernant le hall d’exposition, le fait que celui-ci soit sur deux étages et qu’il soit très allongé leur parait idéal pour y mettre des rangées de lits individuels. Cela me fend le cœur rien que de m’imaginer tout cela ! Il est donc évident que je m’opposerai de toutes mes forces maintenant que je sais ce qu’ils vont faire de ce lieu. Je me barricaderai ici s’il le faut, quitte à me faire passer pour un forcené ! Qui sait, au moins ainsi l’affaire s’ébruitera et les gens se rallieront peut-être à ma cause. Mais bon, je n’en suis pas là encore. Tout ce que je peux faire pour le moment c’est nier leurs lettres en attendant de trouver une solution plus réaliste. D’ici là, la vie continue.


Cela fait deux semaines que la nouvelle est tombée et je n’en suis toujours pas remis. Chaque soir, je ne cesse de cogiter dans mon lit pour essayer de trouver une solution ou du moins, un rempart qui me permettra de retarder le tout et ainsi, leur faire abandonner leurs idées débiles, à ces ministres ! 

Mais aujourd’hui, je n’ai pas le temps pour penser à tout ça car il ne faut pas oublier que nous avons des événements à organiser et des spectacles à répéter et à réaliser (sans oublier les différentes expositions prévues). De plus, c’est un jour particulier car notre troupe de théâtre va accueillir une nouvelle personne. Je n’ai pas trop d’informations sur elle mais elle nous a été fortement recommandée car elle sait envouter les spectateurs. Je dois faire sa rencontre dans une heure et j’espère qu’elle ne souhaitera pas abandonner l’idée de nous rejoindre car mine de rien, les informations courent vite dans les rues et les rumeurs concernant la réquisition du Botanique ne font que de s’amplifier dans le milieu de l’événementiel. En attendant son arrivée, j’ai beaucoup de paperasse à compléter, alors j’ai de quoi m’occuper.

Ça y est, on a toqué à ma porte, je suppose que la fameuse demoiselle est arrivée. Je me lève pour aller lui ouvrir et à peine la porte entre-ouverte, mon cœur fait des milliers de bons dans ma cage thoracique. Je n’ai jamais ressenti cela auparavant, c’est un sentiment que je n’ai jamais connu et je ne sais comment le décrire mais une chose est sûre, c’est qu’elle est d’une beauté divine. Elle est à peine plus petite que moi mais ce n’est pas sa taille qui a fait chavirer mon cœur. Ce qui m’a le plus marqué c’est son doux minois ; de grands yeux bruns envoutants, un petit nez raffiné, de fines lèvres ornées d’un rouge à lèvre écarlate. Et que dire de sa sublime chevelure ! Orh ! Elle a de longs cheveux noirs et lisses, ceux-ci lui descendent jusqu’aux hanches et ils sont plus sombres que la nuit elle-même. Elle semble très réservée mais je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’elle possède un réel caractère et qu’elle sait comment se faire respecter. Elle est irrésistible. Je n’ai jamais pensé que cela était possible jusqu’à aujourd’hui mais je crois que je viens d’avoir ce qu’on appelle communément « un coup de foudre ».

Plus je la regarde, plus je me perds dans mes pensées… et c’est un simple mot qui me ramène sur terre : « Monsieur ? ». Cet unique mot sorti de sa bouche suffit à me rappeler pourquoi nous sommes là. Je deviens rouge en un instant, alors je lui tourne rapidement le dos pour me diriger vers mon bureau. Je lui demande ensuite de s’installer et lorsqu’elle prend place, il n’y a pas un bruit qui se dégage de la chaise. Je suis absorbé mais je dois garder la tête froide, on n’est pas là pour se faire des avances. Je lève donc les yeux pour la regarder et démarrer la discussion mais là, je n’en crois pas mes yeux : elle est toute rouge elle aussi ! De plus, elle fuit mon regard et elle parait gênée. J’en suis donc persuadé : mes sentiments sont vrais et de plus, elle parait ressentir la même chose alors que nous ne nous sommes toujours pas adressés plus d’un mot. Un blanc s’installe durant quelques secondes mais pour moi, il dure une éternité. On n’ose pas se dire un mot alors qu’on est quand même là pour une bonne raison : signer son contrat pour qu’elle fasse officiellement partie de notre grande famille. Alors, je m’élance car c’est mon rôle, après tout, en tant que directeur événementiel. Il est de mon devoir d’avoir une certaine prestance. Je ne lui pose alors qu’une simple question : « C’est bien vous Dana ? Vous voulez rejoindre la troupe de théâtre du Botanique ? ». Elle me répond mais je suis perdu dans les nuages. Je ne fais qu’acquiescer à tout ce qu’elle dit. Je suis littéralement envouté par son timbre si doux et calme. Elle semble avoir aussi un petit accent mais il se remarque à peine. De plus, cela lui donne un petit côté attachant car elle se reprend sur certains mots ou liaisons qu’elle n’arrive pas à faire.

Après une dizaine de minutes, nous arrivons à la fin de notre entretien. Je lui tends le contrat et elle le signe sans hésiter. « Bien, je vous laisse Monsieur, merci pour votre accueil. À bientôt j’espère… ». Je me retrouve donc seul dans cette pièce. La sensation que j’éprouve est identique à ce que peut ressentir un prisonnier privé de liberté car à cet instant, tout ce que mon cœur souhaite, c’est sortir et la rejoindre pour en apprendre plus sur elle. Mais malheureusement, la vie me ramène vite sur terre. Sandrine de la comptabilité toque à ma porte : elle a des problèmes concernant les factures et payements à classer… La journée n’est pas encore finie et il reste beaucoup de choses à faire.


C’est fou, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à elle. Elle est passée dans mon bureau il y a une semaine à peine mais je ne cesse de m’imaginer à ses côtés et cela, du soir au matin. Plusieurs personnes m’ont souligné que j’avais l’air d’être ailleurs mais je n’ai pas osé leur donner la vraie raison. Je leur ai répété que c’était cette histoire de réquisition des lieux qui me hantait mais il est évident que la vérité est tout autre ; c’est Dana qui hante mes pensées. Quand je me rends sur la tombe de Catherine, je lui parle d’elle sans cesse. J’aimerais qu’elle soit là pour me conseiller car c’est nouveau, tout cela, pour moi et je ne sais pas comment m’y prendre… Mais bon, je dois cesser de m’apitoyer sur mon sort ! Si elle me voyait ainsi, une chose est sûre, elle m’aurait déjà tiré les oreilles depuis longtemps ! Alors je dois prendre mon courage à deux mains et oser lui parler. Rien que d’y penser, cela m’angoisse déjà ! Après tout, aucune fille n’a jamais posé les yeux sur moi. Elles jugeaient toutes que j’étais trop grand et maigre, elles ne voulaient pas d’un squelette comme moitié mais juste d’un tas de muscles sans cervelle. De plus, ce n’étaient pas mes petits yeux qui allaient m’aider non plus, on ne cessait de me traiter d’Asiatique partout où je mettais les pieds… Autant dire que tout ce cocktail de jurons et de moqueries mixés ensemble n’avait pas aidé à améliorer mon estime personnelle.

Il est actuellement 23 heures, je suis seul dans mon lit, bloqué devant mon téléphone avec pour seuls mots dans un message : « Bonsoir Dana. ». Je suis comme paralysé et les mauvaises pensées ne cessent pas de se bousculer dans ma tête ; est-ce réellement réciproque ? Va-t-elle me répondre ? Acceptera-t-elle un rendez-vous avec moi par après ? Non ! Je dois cesser de m’inquiéter et oser ! D’une main tremblante, j’appuie sur le bouton « ENVOYER » et je ferme mon téléphone par peur de ce qui peut se passer. Alors je me retrouve dans le noir complet, je sens mon cœur battre à mille à l’heure et je n’arrive même plus à entendre les voitures qui passent à l’extérieur. Mais d’un coup, tout ce brouhaha interne s’arrête quand j’entends mon téléphone vibrer. J’ouvre l’écran de mon téléphone et là… c’est elle ! Elle m’a répondu ! « Bonsoir mais qui est-ce ? ». Quel idiot je suis ! J’ai oublié de dire que c’était moi, Damian, le directeur événementiel ! Par panique, je l’appelle et… elle décroche ! D’un simple « Allô ? », elle apaise tout ce qui s’agite en moi et nous commençons à parler. Puis, la discussion dure un petit temps, en tout cas c’est l’impression que j’ai quand mon réveil sonne, indiquant 6 heures du matin.


Cela fait désormais six mois que Dana et moi sommes ensemble. Notre relation a grandi, cela va de soi, et nous avons emménagé chez moi. Cependant, il y a des sujets qui, entre nous, restent tabous. Je parle notamment de la réquisition du Botanique. En effet, le gouvernement ne cesse de me courir après car j’essaie d’éviter leurs avertissements le plus possible et cela leur cause beaucoup de retard dans leur projet. Chaque fois que je parle de cela à Dana, elle se braque et ne veut plus me parler de la soirée. Dès que j’essaie de comprendre les raisons qui causent ces réactions, elle se met à pleurer et elle s’enferme généralement dans la chambre à coucher. Cependant, ce matin, elle m’a envoyé un message simple mais qui veut dire beaucoup : « Il faut qu’on parle ». 

Nous nous sommes retrouvés le soir à la maison et là, ce n’était pas le rayon de soleil habituel que je connaissais. Elle avait une expression faciale très fermée et elle se tenait assise sur le canapé, les bras croisés. Elle m’a demandé de m’asseoir d’un ton très sec. Elle m’a dit ensuite qu’elle avait un aveu à me faire. On n’en avait jamais parlé car je ne semblais guère accorder d’importance à cela mais elle m’avoua qu’elle était d’origine ukrainienne et que si elle était si révoltée quand je lui parlais de mon opposition au projet du gouvernement, c’était parce que sa famille était toujours là-bas, au milieu de la guerre car il n’y avait nulle part où il était possible de les loger en ce moment. Elle m’a raconté ensuite ce que sa mère avait vécu avec elle petite. Qu’elle avait fui la Russie alors qu’elle était encore enceinte de Dana… et, je ne sais pas pourquoi, cela a créé un choc en moi. Après un léger blanc qui m’a paru durer une éternité (le temps que je digère tout ce qu’elle m’avait dit), elle a repris la discussion en me disant que le projet du renouvellement du Botanique était la seule option pour que sa famille puisse connaitre enfin la paix. 

Elle était déterminée, je le voyais dans son regard et elle n’allait pas lâcher l’affaire tant qu’on n’allait pas trouver un accord commun. Dès que j’essayais de lui expliquer mon point de vue, elle surenchérissait sans cesse, objectant que je ne me mettais pas à sa place. Cependant, elle se trompait. Je savais très bien ce qu’elle vivait vu que j’avais connu la même misère avec ma mère. 


Cela fait une bonne heure que nous sommes assis dans le canapé à nous prendre le chou. Elle ne me regarde même plus tellement j’ai dû l’énerver. Je me sens mal quand je la vois ainsi et je voudrais l’aider, mais je tiens aussi à garder le Botanique car sans ce lieu et tout ce qu’on y vit, je n’en serais pas là aujourd’hui. 

Tout à coup, un éclair de génie me traverse l’esprit. Cela devrait nous permettre de trouver un terrain d’entente. 

Je lui dis alors d’une voix calme : « Dan, il est 23 heures ; demain j’appelle le secrétariat du gouvernement pour proposer une solution ; une idée qui va te plaire… »